SANS TECHNOLOGIE
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Georges Pâques
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En septembre 1963, la France découvre que les services soviétiques sont infiltrés depuis des décennies au cœur de l’État. De 1944 à 1963, un haut fonctionnaire, membre de tous les cabinets ministériels de la VI République, Georges Pâques alimentait régulièrement les services soviétiques en informations confidentiels. Il a été l'espion numéro un du KGB après-guerre, l'espion le plus important que le KGB ait jamais eu en France. Et il ne s'est pas fait prendre pendant vingt ans, ce qui est extraordinaire .
Qu'est-ce qui pousse un homme à trahir son pays? Qu'est-ce qui pousse un haut fonctionnaire, anticommuniste, catholique pratiquant, partisan de l'Algérie française à espionner pour Moscou ?
Les services soviétiques lui avait souvent demandé de photographier lui même les documents. C’était un piètre photographe. Il essaya avec un Leica sans obtenir de bons résultats. Ils lui remirent alors un appareil en forme d'étui à cigarettes, muni de roulettes, qu'il suffisait de passer sur les papiers. Là encore, il ne réussit pas bien. On en revint donc à la méthode la plus simple.
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Il emportait à midi les documents dans une serviette, la remettait à celui qui l'attendait avenue de Breteuil et il le lui rendait après déjeuner, après avoir photographié lui-même, a confessé Pâques après son arrestation. Il déclare avoir agi pour éviter une guerre nucléaire entre les deux blocs. Son action a permis à Moscou de connaître avec précision les forces et les intentions de l’Ouest.
Coupable de trahison, Pâques risque le peloton d'exécution. Il est finalement condamné à la détention à perpétuité et obtiendra la liberté conditionnelle, accordée en 1970 par le président Georges Pompidou, promotion 1931 de l'Ecole normale supérieure. Après sa libération, il se fera oublier et ne donnera jamais d'interview. Il meurt en 1993.
Georges Pâques déclara pendant son procès: "Je ne suis pas un agent soviétique. Je ne suis pas marxiste. J'ai été poussé par mon sentiment du devoir religieux et moral."
L’affaire Farewell : une taupe de la DST au cœur du KGB
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Un brillant officier soviétique, mécontent d’avoir été ramené à Moscou sur un poste d’analyste au siège du KGB après avoir séjourné comme diplomate en France et au Canada, décide de contacter la DST pour lui fournir des informations.
Pourquoi choisit-il la DST ?
Parce que la DST est, selon lui, le seul service occidental à ne pas être pénétré par les agents du KGB et qu’il veut ainsi garantir sa propre sécurité. Un cadre commercial d’une entreprise française, un non-spécialiste, jouera les intermédiaires sur place.
La production de cet agent, le colonel Vladimir Ippolitovitch Vetrov dit Farewell, va se révéler extraordinaire. Entre 1980 et 1982, il a remis au total près de 3 000 documents, pour la plupart d’un niveau de classification maximal, ayant permis à la France de connaître les méthodes et structures du KGB ainsi que le niveau de connaissance du monde occidental par les Soviétiques. Il a également fourni des liste de noms : ceux de 250 officiers de la ligne X du KGB, spécialement chargés de récupérer des renseignements techniques et scientifiques dans le monde ainsi que 170 noms d’agents du GRU1 et d’autres directions du KGB. Ces informations furent à l’origine, en avril 1983, de l’expulsion de France de 47 Soviétiques dont 40 diplomates. Arrêté pour l’assassinat de sa maîtresse, Vladimir Vetrov est identifié comme la source qui a fourni aux Français la liste de noms des espions soviétiques. Il est condamné à mort et fusillé en 1985.